
Une conférence sur le thème de « L’Instant Payment : en route vers les usages » organisée par l’Association du paiement et en collaboration avec le cabinet de conseil MS2ii, a été l’occasion de discuter sans langue de bois sur ce sujet. Les intervenants, aussi bien institutionnel, bancaire, intégrateur que représentants des consommateurs, ont pu donner leur ressenti sur la mise en place de l’Instant Payment en France.
Modérée par Sophia Briouel, CEO de MS2ii et membre du board de l’Association du paiement, les débats ont tournés essentiellement autour des décisions européennes, des volontés institutionnelles et géopolitiques, de sa mise en place en France et des pays voisins européens, des premiers usages, ceux à venir et la manière dont ils sont perçus par le consommateur final, des différents exemples de paiement instantané en France et à travers le monde ainsi que le volet sécurité inhérent à ce nouveau moyen de paiement.
L’Instant Payment est né d’une décision européenne, d’une volonté institutionnelle et géopolitique. Un précédent article sur ce sujet permet d’en comprendre les rouages.
Parmi les principales caractéristiques de l’Instant Payment, on met en évidence sa rapidité, son caractère irrévocable, sa couverture géographique dans 34 pays et territoire de la zone SEPA et son utilisation permanente 7/24.
La première question à se poser est assez simple. Le paysage des paiements en France est déjà bien fourni alors quel est l’intérêt de vouloir mettre en place ce nouveau moyen de paiement ? Il en résulte une constatation au niveau européen qui a motivé ce choix. Les autres moyens de paiement, aussi efficaces et sécurisés soient-ils, sont assez lents. Le délai entre l’émission et la réception du paiement est jugé trop lent dans le monde où les choses vont de plus en plus vite et où l’on est dans l’immédiateté. En ce qui concerne le paiement entre personnes, à part le cash ou le chèque, il n’existe pas de solution interbancaire de manière simple qui soit universelle et interbancaire. Enfin, un enjeu plus politique, le consommateur européen dispose de moyens de paiement national, mais dès qu’il passe les frontières de son pays ses offres ne sont plus assurées de la même manière.
D’ici à la fin de l’année, les grandes banques françaises seront prêtes à proposer ce service en réception/émission et pas forcément en septembre 2019 comme initialement escompté. Le retard en France est essentiellement dû au fait que les banques sont parties sur des stratégies individuelles – à l’inverse des banques espagnoles par exemple avec comme finalité principale de faire de la concurrence à la carte bancaire.
En termes de ciblage, le paiement instantané concerne dans un premier temps les individus pour faire des transferts d’argent en famille ou entre amis. L’opportunité est bien présente, car le service est plus sécurisé que le chèque et il revêt un caractère instantané qui intéresse beaucoup et notamment la génération X et Y. L’aspect qui peut sembler éventuellement contraignant est son irrévocabilité.
Le modèle économique proposé par les banques françaises repose sur un service payant. L’instantanéité n’intéresse que la personne qui reçoit l’argent. Les consommateurs sont-ils prêts à payer pour ce nouveau moyen de paiement, telle est la question. D’après les expériences chez nos voisins européens, la réponse est plutôt évidente. En Italie, si le service est payant, il fonctionnera moins bien, car il y a une forte culture du cash. En Espagne, le service était gratuit au départ et l’utilisation des virements instantanés a bien décollé. Depuis, il est devenu payant et le nombre d’utilisations du service a dramatiquement chuté.
Aujourd’hui, le virement en France ne fait pas parti des habitudes de paiements des consommateurs. Il est même très peu utilisé et cela s’explique par un déploiement nouveau des infrastructures accueillant le virement instantané. Le caractère instantané peut séduire un large public et notamment les nouvelles générations une fois l’utilisation du virement instantané ancré.
Les enjeux pour les utilisateurs reposent sur une expérience client plus simple, plus rapide et intuitive, un parcours de paiement multi-canal et une expérience de paiement plus fluide. Pour le commerçant, cela lui permet de disposer immédiatement des fonds, d’avoir moins de risque de fraude grâce à l’authentification forte et de fidéliser la clientèle en personnalisant l’expérience utilisateur.
En ce qui concerne les relations entre entreprises, l’Instant Payment peut avoir un réel intérêt. En effet, il permet de régler en temps réel ses fournisseurs, mais aussi ses salariés. Ce nouveau mode de paiement va quelque peu modifier la gestion de la trésorerie. Le trésorier devra s’assurer d’avoir en permanence les fonds nécessaires sur les différents comptes de la société pour gérer la liquidité.
Au niveau de la sécurité, de la prévention et de la détection de la fraude, l’Instant Payment est soumis à la DSP2 et la RGPD. Des réglementations qui renforcent la sécurité des moyens de paiement et la vie privée des utilisateurs. À travers cela, un panel de mesure pour y répondre : une authentification multi-facteur afin de réduire les risques d’usurpation, un scoring pour pouvoir le réadapter, une sécurité logique et physique et la lutte contre la fraude et le blanchiment.
Afin de promouvoir au mieux l’Instant Payment, il appartient à chacun des acteurs de l’écosystème des paiements (Institutions, Banque, association…) de communiquer encore plus auprès du grand public et des entreprises afin d’en faire accepter les usages et que ce nouveau mode de paiement soit utilisé de manière simple et pratique.
Si ce sujet de l’Instant Payment vous intéresse et que vous souhaitez en savoir plus, CapexFi, cabinet de conseil en Finance et management de transition vous propose un accompagnement personnalisé par nos experts ou nos partenaires qui vous orienteront dans vos choix afin de répondre à vos besoins.
En tout cas, nous n’avons pas fini d’en entendre parler.
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